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samedi 29 juillet 2006
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DE L’IDEE GENIALE A LA METHODE Fils d’un professeur de physique médicale à la Faculté de Médecine de Lyon, le docteur Nogier est d’abord attiré par la physique qu’il étudie pendant trois ans à l’Ecole Centrale de Lyon. Puis il décide de faire médecine. Au cours de ses remplacements il a l’occasion de pratiquer dans le cabinet d’un médecin qui soigne ses patients par homéopathie. C’est la découverte d’une méthode nouvelle qui l’impressionne par ses résultats et par l’abord personnalisé du malade. De retour à son cabinet, il décide d’apprendre cette thérapeutique et commence à la pratiquer. Puis il complète sa formation par l’acupuncture et apprendra les manipulations vertébrales. Toute cette période est fondamentale pour comprendre son cheminement car c’est à ce moment qu’il acquiert tous les éléments qui permettront ses futures découvertes. Sa formation de physicien lui sera plus tard très utile pour comprendre les mécanismes énergétiques de l’oreille et mettre au point des appareils de détection et de stimulation. Il organise ensuite chez lui avec quelques confrères des réunions de perfectionnement où sont échangées toutes les idées nouvelles dans ces pratiques que chacun découvre de son côté en l’absence d’enseignements organisés. Nogier montre déjà sa grande ouverture d’esprit, toujours prêt à tester, expérimenter, mettre à l’épreuve toutes les techniques nouvelles. En 1951, il voit arriver dans son cabinet quelques malades qui présentent une curieuse cicatrice dans le pavillon de l’oreille. Il apprend par ceux-ci, qu’ils ont été soulagés de sciatiques par une guérisseuse venant de Marseille. Madame Barrin traitait les patients en pratiquant une cautérisation dans le haut du pavillon de l’oreille. Elle tenait ce secret de son père qui l’avait lui-même reçu d’un mandarin chinois pour le remercier de son accueil. Le point qui était cautérisé n’était pas connu en acupuncture.

le Point de Madame Barrin -

le Point de Madame Barrin

Loin de rejeter cette méthode, comme on avait coutume de le faire à cette époque pour tout ce qui venait des guérisseurs, ce fait aiguisa au contraire son esprit curieux. Il voulut aussitôt trouver une explication. Connaissant les travaux du docteur Bonnier qui avait montré l’action de la stimulation de certaines zones du nez sur des fonctions et des organes périphériques1 , il se posa la question de savoir si l’on pouvait trouver de telles correspondances par l’oreille. Pendant de nombreux mois il recherche d’autres points de l’oreille pouvant correspondre à des organes. Ses premières recherches furent peu couronnées de succès. Mais en essayant de piquer avec une aiguille d’acupuncture le point cautérisé par Madame Barrin, il obtient un certain nombre de résultats dont certains très spectaculaires dans les lombalgies et les sciatiques. Un jour lui revient à l’esprit la phrase si souvent prononcée par le docteur Amathieu, qui lui enseignait les manipulations vertébrales : “ La sciatique, c’est le problème de la 5ème vertèbre lombaire”. L’idée jaillit alors que le point cautérisé par Madame Barrin pouvait être une localisation de la 5ème vertèbre lombaire et que le haut du pavillon de l’oreille pouvait correspondre au bas du corps. Très rapidement, il découvre alors que l’anthélix, cette partie de l’oreille qui forme un repli au milieu du pavillon, est en correspondance avec la colonne vertébrale. Puis, à force de regarder les oreilles de ses patients, il trouve que l’oreille ressemble à un foetus replié sur lui-même, la tête orientée vers le bas.

Il découvre ensuite que lorsque les patients se plaignent de la région lombaire, le point correspondant est douloureux à la pression. La même technique est alors utilisée chez tous les patients qui se plaignent du dos. Elle ne tarde pas à mettre en évidence que la région située un peu plus bas sur l’anthélix est en correspondance avec le dos et, qu’encore plus bas, on retrouve des douleurs en relation avec les cervicalgies. L’anthélix est donc en parfaite analogie avec la colonne vertébrale à l’envers. Plus encore, ses différentes coudures semblent marquer des séparations entre chaque étage vertébral. Le docteur Nogier est alors de plus en plus passionné par les patients qui souffrent et qui ne tardent pas à se bousculer à son cabinet. Vient alors la découverte du point d’épaule, puis de la hanche. Petit à petit au cours des mois s’établit alors une cartographie de l’oreille, ce que nous appelons habituellement une somatotopie. Une telle représentation a déjà été mise en évidence au niveau du cerveau par les neurologues. Ce qui est nouveau, c’est d’établir une correspondance entre un point de la peau et un organe. Mais la peau n’a-t-elle pas aussi la même origine que notre système nerveux ?

D’autres organes sont ensuite individualisés, mais cela ne se fait pas sans peine car il est rare qu’un patient ne souffre que d’un endroit à la fois et parce que la sensibilité des patients est très variable. Il faudra donc beaucoup de ténacité pour parvenir au résultat. Mais pour le docteur Nogier, c’est la passion de la découverte. Lorsque ses travaux sont bien avancés, il décide d’en faire la démonstration à ses amis. Ceux-ci sont impressionnés par les résultats obtenus, mais déclarent que l’on obtient la même chose avec l’acupuncture et l’homéopathie et que l’intérêt en est donc limité. Heureusement c’est à ce moment qu’il rencontre le docteur Niboyet, le meilleur acupuncteur français de l’époque, qui lui propose de présenter sa découverte au congrès d’acupuncture. C’est en 1956 que le docteur Nogier présente donc officiellement sa première cartographie de l’oreille. Cet exposé est très bien accueilli et en particulier par un médecin allemand, passionné par l’oreille, qui lui propose d’écrire un article pour sa revue. C’est ainsi que la méthode s’internationalise rapidement. La revue est lue au Japon, puis l’auriculothérapie arrive en Chine alors en pleine révolution culturelle. Elle y est accueillie, étudiée et développée par les médecins qui cherchent à diffuser à travers le pays des méthodes simples de soins pour les médecins aux pied nus. C’est ainsi que la méthode se développera en Chine, où certains médecins français iront la redécouvrir. Mais les médecins chinois reconnaissent au docteur Nogier la paternité de la méthode. Pendant 15 ans le docteur Nogier va poursuivre ses recherches, multiplier les expérimentations, développer les mesures. Il utilisera notamment les appareils mis au point par Niboyet pour la recherche des points en acupuncture, et perfectionnera ceux-ci pour les adapter aux particularités de l’oreille. Contrairement au point d’acupuncture qui est permanent, le point d’oreille n’apparaît que dans la mesure où une pathologie existe dans l’organisme. Cette propriété permet donc d’envisager de faire des diagnostics et c’est cet élément qui donne un intérêt particulier à l’auriculothérapie et, plus encore, à l’auriculomédecine par rapport à l’acupuncture. En 1967, malgré les multiples recherches et expérimentations faites par le docteur Nogier, la méthode n’évolue plus beaucoup et a atteint semble-t-il son plus grand degré de perfectionnement. On en connaît bien maintenant ses indications et ses limites tout en sachant que ses résultats sont fréquents, parfois remarquables, mais aussi inconstants. Pourquoi tel point sera actif chez un patient et pas chez un autre pour une même indication ? Les techniques de cette période ne permettaient pas de répondre à la question. L’inventeur pense alors à établir définitivement les règles pour passer à d’autres choses. Mais à nouveau, le hasard veille pour le mettre sur d’autres voies. Nogier avait beaucoup étudié les pouls chinois en acupuncture. Il possédait donc une sensibilité aiguisée pour la prise du pouls. Il avait même décrit une particularité de ces pouls, le yu qui correspondait à une sensation qui disparaissait dans certaines pathologies. Il avait donc pris l’habitude de prendre le pouls en examinant ses patients. Un jour pendant cette opération, il touche l’oreille de son malade et ressent immédiatement l’affaiblissement du pouls de celui-ci. Il enlève la main de l’oreille et le pouls redevient normal. Sa curiosité est une nouvelle fois mise en éveil, et il répète les mêmes mesures à plusieurs reprises en obtenant les mêmes résultats. Toujours prêt à mieux comprendre, il refera les mêmes expériences chez les patients suivants pour s’apercevoir que ce mécanisme intervient dans des conditions diverses, qu’il devra inventorier par la suite. C’est la naissance de ce qui sera appelé l’auriculomédecine. Il appelle cette modification du pouls le Réflexe Auriculo Cardiaque (R.A.C.) pensant qu’il y avait un rapport avec une réaction au niveau du coeur. Il changera par la suite l’appellation qui deviendra le Vascular Autonomic Signal (V.A.S.) mais ses élèves parlent souvent du pouls de Nogier. Cette modification du pouls intervient pour de très nombreuses stimulations. Découverte par le toucher, le docteur Nogier s’aperçoit vite qu’elle est aussi déclenchée par la pression, la lumière, les couleurs, l’approche de molécules chimiques ou biologiques, et toutes sortes de stimulations qu’il inventorie patiemment. Il met au point des appareils qui émettent des lumières pulsées à des fréquences variables. Nogier présente cette nouvelle découverte à ses amis. Certains parviennent à percevoir ce pouls, d’autres non. Il faut en effet un sérieux entraînement pour parvenir à capter régulièrement le pouls de Nogier. Mais lorsqu’il parle de la réaction aux couleurs, il devient franchement suspect aux yeux de ses confrères à tel point qu’il abandonnera pendant deux ans cette recherche avec les couleurs, qui amènera cependant nombre d’éléments intéressants. Mais le pouls est si sensible qu’il est influencé par de nombreux facteurs tant propres au patient qu’à l’environnement. ll faudra des années pour en faire le tri et la part des différents éléments. Nogier y mettra toute son énergie, aidé par un certain nombre d’élèves. Mais parmi ceux-ci, certains veulent aller rapidement plus vite et plus loin oubliant souvent de prendre le recul nécessaire devant les nombreuses découvertes. Il faudra toute la patience du maître pour asseoir la méthode sur des bases solides. Malgré cela, des tendances diverses se font jour aboutissant à des divergences qui ne sont dues en fait qu’à des différences d’interprétations des différentes découvertes. L’expérimentation et les recherches cliniques, toujours encouragées par le docteur Nogier, se chargeront de nous ramener à l’essentiel. Nogier constate que le pouls réagit différemment suivant la pression exercée sur l’oreille. Il parle de réactions tissulaires, suivant la profondeur du tissu cutané exploré. Ces réactions sont anormales si la plage1 de l’oreille correspond à un organe malade. Il étudie la réaction du pouls lorsque l’on éclaire des points pathologiques à la lumière blanche. Le pouls réagit plus fortement si le point est malade. Puis il étudie la réaction du pouls lorsque l’on déplace la lumière sur la peau. Il y a des zones où le pouls réagit, d’autres où il ne le fait pas. On parle ainsi de bons ou de mauvais transferts de la lumière. Vers 1973, l’approche fréquentielle, c’est-à-dire la stimulation des différentes parties de l’oreille par des lumières clignotantes à des fréquences variables, montre au docteur Nogier qu’il existe différentes zones dans l’oreille qu’il nomme les plages. Le V.A.S. réagit lorsque l’on stimule chaque plage par une fréquence lumineuse qui lui est spécifique. Il existe une hiérarchie des fréquences suivant le niveau du système nerveux mis en jeu pour le contrôle des organes représentés dans les plages stimulées. Très rapidement, il peut de cette façon mettre en évidence l’interaction entre les organes. Ainsi, si l’on trouve la fréquence du cerveau sur le point d’estomac, on saura que les maux du patient ont toutes les chances d’être d’origine nerveuse. Si, au contraire, c’est la fréquence des organes de nutrition qui envahit le cerveau on pourra penser que la nervosité du patient est liée à des perturbations de la nutrition. On se retrouve donc en présence de données nouvelles qui sont à cheval entre la science moderne et les données énergétiques de l’acupuncture. Toutes ces mesures, ne peuvent s’interpréter qu’avec quelques connaissances de physique sur l’énergie, la lumière, et les ondes électromagnétiques. Contrairement à la médecine qui s’intéresse principalement à l’aspect chimique, il s’agit ici d’un autre abord de l’individu. La conception d’une véritable médecine énergétique est née. Malheureusement de nos jours, le terme de médecine énergétique est devenu très à la mode, galvaudé, et mis à toutes les sauces. Depuis la rupture avec certains élèves, le docteur Nogier travaille beaucoup à unifier et normaliser la méthode. Le travail est énorme mais il y a consacré toutes ces dernières années. Cela a beaucoup fait avancer une technique qui se développe aussi en Allemagne, en Espagne, en Belgique, aux Etats-Unis et dans de nombreux pays. La Colombie, par exemple, avait envoyé une importante délégation lors d’un séminaire à Monaco. La personnalité du docteur Nogier a toujours impressionné tous ceux qui ont pu l’approcher. D’abord par son esprit d’ouverture, car rien de ce qui est inhabituel ou qui sort de l’ordinaire n’est écarté de son champ d’investigation. Au contraire, tout cela excite sa curiosité. Il a besoin d’en rechercher une explication, mais surtout il va soumettre ses observations au test de l’expérimentation. Rien de ce qu’il met au point ne reste théorique, tout passe au crible de la pratique. En permanence il remet en question ses propres découvertes sans attendre que d’autres fassent cette démarche. Cette forme d’esprit a souvent dérouté ses élèves par les modifications constantes de l’enseignement prodigué. Mais ceux qui admettent de le suivre dans cette voie en retirent toujours d’énormes satisfactions et ne cessent de progresser avec lui. Il a su transmettre à ses élèves l’esprit du chercheur qui n’accepte comme vérité provisoire que le fruit de l’expérience confrontée à l’épreuve du réel. Celui qui a eu le privilège d’assister à la consultation du docteur Nogier n’aura pas manqué d’être surpris de constater combien, malgré sa grande notoriété, il a su garder pour ses patients, une grande simplicité, toute son attention et sa compassion associées à un grand humanisme.


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